La statistique nationale sur le cancer délivre des informations sur l'état et l'évolution de la mortalité (décès) et de l'incidence (nouveaux cas) du cancer en Suisse et par région linguistique. Les régions linguistiques sont délimitées sur une base cantonale. Les cantons sont attribués à l’une ou l’autre des régions linguistiques selon la langue parlée par la majorité de leur population. Les cantons de Vaud, du Valais, de Neuchâtel, de Genève, du Jura, de Fribourg et du Tessin forment la région linguistique « Suisse romande et Tessin », les 19 cantons restant la région linguistique « Suisse alémanique ».
La statistique nationale sur le cancer comprend un monitorage annuel du cancer (actualisation des données en ligne de l’OFS) et un rapport sur le cancer en Suisse qui parait tous les 5 ans. Différents indicateurs sont présentés par type de cancer pour décrire l'importance du cancer.
Il s’agit d’une statistique de synthèse qui reprend les données des sources existantes : la statistique des causes de décès (COD) de l’Office fédéral de la statistique (OFS), les données de l’organe national d’enregistrement du cancer (ONEC), les données du registre du cancer de l’enfant (RCdE), la statistique de la population de l’OFS.
Source des données
Les données de mortalité par cancer proviennent de la Statistique des causes de décès (COD) de l’OFS qui enregistre les causes de décès des personnes résidant en Suisse de manière exhaustive. Sur la base du certificat médical des causes du décès, l’OFS code les causes de décès (cause primaire, maladie secondaire, maladie concomitante) et défini une cause principale de décès qui est utilisée pour l’élaboration de statistiques, y compris la statistique nationale sur le cancer. Chaque décès devant être enregistré, le relevé est pratiquement complet, même si les causes de décès des personnes domiciliées en Suisse et décédées à l’étranger sont rarement transmises à l’OFS.
Codage
Les causes de décès sont codées selon la Classification Internationale des Maladies (CIM) et les règles de standardisation établies par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) permettent une bonne comparabilité internationale.
Qualité des données de mortalité
L’évolution des diagnostics médicaux au cours du temps conduit à l’adaptation régulière de la classification internationale des maladies.
Jusqu'en 1994, les causes de décès étaient codées en Suisse sur la base de la CIM-8. Il existait en outre des règles de codage propres à la Suisse. Lorsque plusieurs causes figuraient sur le certificat médical des causes de décès, ces règles donnaient automatiquement la priorité à certaines d'entre elles, quel que soit l'ordre dans lequel ces causes avaient été indiquées par le médecin. Certaines causes, notamment les cancers, étaient donc privilégiées. Depuis le passage à la CIM-10, la Suisse applique les règles de codage internationales. Les règles de priorité qui lui étaient propres ont été abandonnées. Lorsqu’on compare les années antérieures à 1995 et les années ultérieures, il faut garder à l’esprit ce changement de méthode.
Pour montrer dans quelle mesure le nombre de nouveaux cas de décès dus au cancer enregistrés avant 1995 a pu être influencé par les règles de codage propres à la Suisse (et par l’utilisation de la CIM-8 avant l’introduction de la CIM-10), le tableau ci-dessous donne le rapport entre le nombre de décès par cancer qui auraient été enregistrés avec la CIM-10 et le nombre de décès par cancer effectivement enregistrés avec la CIM-8. Dans les groupes d’âge avancés, la multimorbidité est relativement fréquente. Il est donc plus souvent nécessaire que dans les autres groupes d’âge de choisir une cause principale de décès parmi celles mentionnées sur le certificat de cause de décès. Le changement de méthode s’est donc fait sentir avec plus d’intensité dans ces groupes d’âge. Le choix a été fait de ne pas corriger les données enregistrées avant 1995 mais d’en tenir compte dans l’interprétation des tendances.
Sexe |
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|
|
70-79 |
|
|
Total |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Hommes |
C00-C97: Tous cancers |
0,98 |
0,97 |
0,94 |
0,89 |
0,85 |
0,93 |
Femmes |
C00-C97: Tous cancers |
0,98 |
0,98 |
0,96 |
0,93 |
0,88 |
0,94 |
Source des données
En Suisse, l’enregistrement des nouveaux cas de cancers s’effectue au niveau cantonal, par des registres des tumeurs (RCT) qui enregistrent chaque année tous les nouveaux cas de cancer diagnostiqués parmi les résidents de leur canton.
Les données des registres sont ensuite rassemblées et contrôlées au niveau de l’Organe national d’enregistrement du cancer (ONEC) avant d’être transmises à l’OFS.
Codage
Les données sont enregistrées sur la base de la Classification Internationale Des Maladies Pour l'Oncologie (CIM-O-3) et les codes CIM-10 correspondant est réattribué à chaque cas afin de publier les statistiques selon les standards internationaux.
Sont inclus dans la statistique tous les cas de tumeurs primaires malignes, à l'exception des cancers de la peau autres que les mélanomes (C00-43, C45-97, CIM-10). Les tumeurs primaires sont définies selon les règles des Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) / International Association of Cancer Registries (IACR) / European Network of Cancer Registres (ENCR) http://www.iacr.com.fr/images/doc/MPrules_july2004.pdf.
Enregistrement cantonal et estimation de l’incidence au niveau national
Avant l’entrée en vigueur de la loi et de l’ordonnance sur l’enregistrement des maladies oncologiques (LEMO et OEMO) en 2020, les dispositions légales régissant l’enregistrement des maladies cancéreuses variaient considérablement selon les cantons, ce qui a parfois limité l’accès aux données. Les registres se sont mis en place progressivement depuis 1970 (cf. carte) et couvrent l’ensemble de la Suisse romande et le Tessin depuis 2006 et l’ensemble des cantons suisses depuis 2020. L’entrée en vigueur de la loi et de l’ordonnance a conduit à une harmonisation de la législation et des données recueillies ainsi qu’à une modification des processus de recueil.
Deux exceptions sont à noter dans l’expansion du taux de couverture ;
- Le registre des deux Bâle (Bâle-ville: BS et Bâle-Campagne: BL) tient compte du district de Laufon (BL) seulement depuis 2013 car, jusqu’en 1994, ce district faisait partie du canton de Berne. La population de ce district (environ 7% de la population du canton de Bâle-Campagne) a été déduite de la population cantonale pour le calcul des taux d’incidence
- Les données 2018 et 2019 du canton de Vaud et les données 2020 du canton d’Argovie n’ont pour le moment pas pu être intégrées à l’analyse statistique.
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Suisse alémanique |
Suisse romande et Tessin |
Total Suisse |
---|---|---|---|
1991-1995 |
46,6 |
70,8 |
53,5 |
1996-2000 |
46,6 |
85,4 |
57,8 |
2001-2005 |
46,7 |
85,9 |
58,1 |
2006-2010 |
48,2 |
100,0 |
63,5 |
2011-2015 |
75,5 |
100,0 |
82,9 |
2016-2020 |
91,8 |
87,5 |
90,5 |
Lorsque le recueil n’est pas exhaustif sur l’ensemble du territoire national au moment de la production de la statistique, les données recueillies (données observées) doivent être extrapolées à l’ensemble de la Suisse afin d’obtenir des estimations nationales. Ces estimations sont importantes pour pouvoir suivre l’évolution de l’incidence dans le temps et faire des comparaisons internationales. Elles sont obtenues en appliquant un poids d’extrapolation (population couverte par l’enregistrement / population totale) aux nombres observés pour compenser l’absence d’enregistrement sur une zone géographique ou une année/période donnée. Les pondérations appliquées aux nombres observés sont calculées pour différentes strates de variables connues pour être associées au risque de cancer, à savoir l'âge, le sexe et les régions linguistiques (en effet, en Suisse, la prévalence des facteurs de risque supposés, tels que le tabagisme ou l'exposition alimentaire varient d'une région linguistique à l'autre) (cf. la publication en anglais : Statistical Methods for Cancer Reporting in Switzerland, Version 1.0).
Qualité des données
Habituellement, les données sur l’incidence du cancer sont comparées avec les données relatives à la mortalité par cancer. Ceci permet d’identifier les cas de cancer dont l’enregistrement aurait été omis. Dans certains registres, ces comparaisons n’ont pas été effectuées de manière complète et systématique pour toutes les années couvertes par le registre: il s’agit du registre de Bâle-Ville/Bâle-Campagne pour 1981-2001, 2010-2012). Pour le canton de Zurich, le registre Zurich/Zoug a confirmé que les comparaisons ont été effectuées systématiquement depuis 1997; pour les années 1980-1996, il n’a pas pu être déterminé si les comparaisons ont été faites complètement.
La qualité des données d’un registre du cancer dépend entre autres du degré d’exhaustivité des données recueillies, c’est-à-dire de la proportion de cas enregistrés sur l’ensemble des nouveaux cas apparus dans la population couverte par le registre. Le degré d’exhaustivité doit être très proche de 100% pour que la comparaison des taux d’incidence (entre différentes périodes ou entre différentes zones géographiques) permette de conclure à de réelles différences dans le risque de développer un cancer. Une publication* sur les méthodes d’évaluation de l’exhaustivité est parue en 2017. Par ailleurs, l’IARC (International Agency for Research on Cancer) publie d’autres indicateurs de qualité pour quelques registres suisses**.
L’ONEC publie huit indicateurs dans le cadre de ses travaux standards***: 1) nombre de cas observés et attendus, 2) rapport mortalité/incidence, 3) part des cas identifiés initialement sur la base des certificats des causes de décès (Death Certificate Notification DCN), 4) part des cas enregistrés uniquement sur la base des certificats des causes de décès (Death Certificate Only DCO), 5) part des cas ayant fait l’objet d’un examen histologique, 6) part des cas sans données sur le stade de cancer, 7) hétérogénéité entre registres du cancer concernant la part des DCO, 8) hétérogénéité entre registres du cancer concernant la part des cas ayant fait l’objet d’un examen histologique.
*Lorez M., Bordoni A., Bouchardy C. et al. Evaluation of completeness of case ascertainment in Swiss cancer registration. Eur J Cancer Prev.2017; 00: 000-000
**Cancer incidence in five continents, Vol IX. Lyon: IARC/WHO, 2007. IARC/WHO Scientific Publications No. 160
*** Rapports annuels sur la qualité des données (aDQR) (« Swiss annual Data Quality Report (aDQR) » publiés en anglais sur la site de l’ONEC sous l’onglet Téléchargements et Liens, Statistiques et rapports, Rapports sur la qualité des données) : https://www.nkrs.ch/fr/downloads
Les tumeurs pédiatriques sont répertoriées pour l’ensemble du pays par le Registre du cancer de l’enfant (RCdE). Les données sur les nouveaux cas de cancer et les décès dus au cancer chez les enfants sont ensuite transmises à l’OFS en format agrégé.
Codage
Les cancers pédiatriques ne sont pas les même que ceux qui apparaissent à l’âge adulte et sont classés, selon le type de tissus, sur la base de la classification internationale des cancers de l’enfant, version 3 (ICCC-3).
Qualité des données
Les indicateurs de la qualité des données sont publiés sur la site du RdCE : https://www.registretumeursenfants.ch/category/actualites/
Source des données
Les données sur la population résidante permanente (personnes ayant leur domicile permanent en Suisse) en milieu d’année sont utilisées pour calculer différents indicateurs. Pour calculer la population en milieu d’année (moyenne de l’année n et l’année n-1) la statistique de l'état annuel de la population (ESPOP) est utilisée jusqu’à l’année 2010 incluse et la statistique de la population et des ménages (STATPOP) est utilisée depuis l’année 2011.
Les données sont accessibles ici : https://www.pxweb.bfs.admin.ch/pxweb/fr/px-x-0102020000_104/-/px-x-0102020000_104.px/
Qualité des données
Voir :
Statistique de l'état annuel de la population (1981-2010), Fiche signalétique ESPOP
Statistique de la population et des ménages (depuis 2011), Fiche signalétique STATPOP
En Suisse la classification des causes de décès et des nouveaux cas de tumeurs s’appuie sur la 8e révision (CIM-8) jusqu’en 1994 et depuis 1995 sur la 10e révision (CIM-10) de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes.
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CIM-8 |
CIM-10 |
---|---|---|---|
Organes buccaux et digestifs |
Cavité buccale et pharynx |
140-149 |
C00-14 |
|
Œsophage |
150 |
C15 |
|
Estomac |
151 |
C16 |
|
Côlon et rectum |
153 + 154.0 + 154.1 |
C18-20 |
|
Foie |
155 |
C22 |
|
Vésicule et voies biliaires |
156 |
C23-24 |
|
Pancréas |
157 |
C25 |
Organes respiratoires |
Larynx |
161 |
C32 |
|
Poumon, bronches, trachée |
162 |
C33-34 |
|
Plèvre |
163 |
C38.4 + C45.0 |
Os |
Os, articulations, cartilage |
170 |
C40-41 |
Peau |
Mélanome de la peau |
172 |
C43 |
Organes reproductifs |
Sein |
174 |
C50 |
|
Col de l'utérus |
180 |
C53 |
|
Corps de l'utérus |
182 |
C54-55 |
|
Ovaire |
183.0 |
C56 |
|
Prostate |
185 |
C61 |
|
Testicule |
186 |
C62 |
Organes urinaires |
Rein |
189.0 |
C64 |
|
Vessie |
188 |
C67 |
Cerveau et SNC |
Cerveau et système nerveux central |
191 + 192 |
C70-72 |
Thyroïde |
Thyroïde |
193 |
C73 |
Sang et lymphe |
Lymphome de Hodgkin |
201 |
C81 |
|
Lymphome non hodgkinien |
200 + 202 |
C82-86 + C96 |
|
Myélome multiple |
203 |
C90 |
|
Leucémie |
204-207 |
C91-95 |
|
dont leucémie lymphoïde |
204 |
C91 |
|
dont leucémie myéloïde |
205 + 206 + 207.2 |
C92-94 |
|
dont autres et non-spécifiées |
207.0 + 207.1 + 207.9 |
C95 |