Pour pouvoir mesurer le bien-être globalement, il importe de connaître non seulement le niveau des revenus mais aussi leur répartition. Celle-ci montre comment l'évolution économique et les mesures étatiques se répercutent sur les différents types de ménages et quelles différences existent dans leur situation matérielle. La cohésion de la société est un objectif important des programmes de législature. Les grandes inégalités dans la répartition des revenus accroissent le risque de polarisation.
Le rapport interquintile S80/S20 est une mesure de l’inégalité de répartition des revenus et peut être interprété comme suit: le revenu des 20% les plus riches dans la population est X fois plus élevé que le revenu des 20% les plus pauvres. Comparer les revenus du quintile le plus élevé et du quintile le plus bas, c’est toutefois limiter l’appréciation de l’inégalité aux deux segments extrêmes de la distribution des revenus. Pour réaliser une analyse plus détaillée de l’inégalité des revenus, on peut recourir à des mesures plus complexes appréhendant la répartition complète (par ex. coefficient de Gini, indices d’Atkinson).
Etat au 22 décembre 2021
Principaux résultats
L'indicateur « Rapport interquintile » montre que les revenus avant les transferts étatiques et privés (revenus primaires) sont répartis de manière nettement plus inégalitaire que les revenus après redistribution (revenus disponibles). Cela est conforme à l'intention de la politique sociale, qui est de compenser la répartition inégale des revenus du marché (du travail et des capitaux) par le moyen des impôts et des transferts sociaux.
De manière générale et compte tenu des intervalles de confiance parfois relativement importants, le rapport interquintile n'affiche pas de changement marqué entre 1998 et 2018. Le revenu disponible a tendance à montrer une légère augmentation de l'inégalité dans les années 2003 à 2007 et 2009 à 2013. Depuis 2013, la tendance est légèrement à la baisse de l’inégalité. Comme l'on pouvait s'y attendre, ces tendances sont nettement plus marquées pour les revenus primaires. Cependant, l'augmentation des inégalités des revenus primaires n'a qu'un impact mineur sur le revenu disponible, grâce à la redistribution par l'État.
Contexte
L'évolution de l'inégalité des revenus avant et après redistribution par l'Etat peut en partie être expliquée par des facteurs économiques généraux: les revenus avant transferts de l'Etat sont considérablement influencés par l'évolution des salaires, l’évolution du chômage et l'évolution des revenus de la fortune. Les changements sur le marché du travail ont un impact sur la distribution du revenu au niveau des personnes, puisqu'ils modifient les possibilités d’obtenir un revenu du travail et par là même la composition des revenus primaire, brut et disponible. Les prestations de transferts étatiques ou réglementées par l'Etat (par ex. rentes de l'AVS/AI et de la prévoyance professionnelle, prestations sociales et indemnités journalières), qui tendent à atténuer l'inégalité, jouent un rôle primordial dans le passage du revenu primaire au revenu disponible. Leur part, comme la progressivité du système fiscal, détermine considérablement l'ampleur de la redistribution. Dans les périodes où l'économie va mal, les prestations de transfert de l'Etat, notamment l'aide aux chômeurs et les prestations d'aide sociale, jouent un rôle plus important. Ainsi, l'ampleur de la redistribution par des mesures étatiques est plus grande dans les phases de récession que lors des phases d'expansion.
Comparaison avec des données subjectives
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Comparaison internationale
Rapport interquintile | |
---|---|
Suisse | 4,8 |
Italie | 6,0 |
France | 4,3 |
Allemagne | 4,9 |
Autriche | 4,2 |
Etats-Unis | -- |
UE (28 pays) | 5,1 |
Total OCDE | -- |
Tableaux
Méthodologie
Les analyses reposent sur les données de l'enquête sur le budget des ménages (EBM) de l'OFS, qui est réalisée dans sa forme actuelle depuis 1998.
L’analyse de l’inégalité des revenus à l’aide du rapport interquintile est effectuée au niveau des personnes et est basée sur un revenu pondéré en fonction des besoins (revenu d’équivalence). L’unité d’investigation est ici, à proprement parler, l’« unité d'équivalence » (calcul du revenu d'équivalence, voir l'indicateur Revenu disponible équivalent). Cette pondération permet de comparer le niveau de vie de ménages de taille et de composition différente.
Une comparaison internationale des rapports interquintile des revenus disponibles équivalents n'est possible que sur la base de EU-SILC (Statistics on Income and Living Conditions) et seulement depuis 2007.
Définitions
Définition de l'indicateur
Une population peut être répartie en groupes de taille égale disposés par ordre croissant en fonction des revenus des ménages ou des personnes ; ces groupes sont appelés d’une manière générale quantiles et, selon la subdivision, déciles (répartition en dix groupes), quintiles (répartition en cinq groupes) ou quartiles (répartition en quatre groupes).
Pour calculer le rapport interquintile S80/S20, on forme cinq groupes de revenus : 20% des ménages ou des personnes ont un revenu inférieur au premier quintile, 20% un revenu compris entre le premier et le deuxième quintile, etc. On calcule alors la moyenne des revenus que perçoit chaque cinquième de la population. Le rapport interquintile S80/S20 compare, dans une population donnée, la moyenne des revenus des 20% les plus riches avec la moyenne des revenus des 20% les plus pauvres. Plus le quotient s'écarte de 1, plus la répartition des revenus entre ces deux groupes de population est inégale.
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