Pendant l’année 2020, marquée par la pandémie de COVID-19, les prestations sociales se sont montées à 206 milliards de francs, en hausse de 20,4 milliards par rapport à 2019 (+11,1% en termes réels). Cette augmentation est imputable en majeure partie aux prestations versées dans le domaine du chômage (+14,1 milliards de francs), qui inclut les indemnités en cas de réduction de l’horaire de travail et l’allocation pour perte de gain COVID-19. Les prestations versées pour la vieillesse ainsi que la maladie et les soins de santé ont contribué à la hausse à raison de respectivement 2,7 et 2,5 milliards de francs.
Plus de 200 milliards de francs de prestations sociales en 2020
e estimé Source : OFS - Comptes globaux de la protection sociale (CGPS), version du 20.12.2021.
Conséquences de la pandémie de COVID-19
Dans l’ensemble de l’économie, la pandémie de COVID-19 a entraîné une baisse des revenus du travail, en raison notamment de la réduction temporaire des activités, voire de la fermeture de certaines entreprises. Le système de protection sociale a toutefois permis d’en atténuer les effets. La Confédération a mis à disposition 10,8 milliards de francs pour financer les indemnités en cas de chômage partiel. De plus, une nouvelle prestation a été créée, l’allocation pour perte de gain COVID-19, qui a permis de soutenir les indépendants à hauteur de 2,2 milliards de francs en 2020. Ces deux prestations relèvent du domaine du chômage.
En 2020, la pandémie de COVID-19 n’a pas eu d’impact majeur sur les prestations sociales versées dans le domaine de la maladie et des soins de santé considérées dans leur ensemble: ces prestations ont augmenté de 4,3% entre 2019 et 2020, soit de manière moins marquée qu’entre 2018 et 2019 (5,0%). Cette augmentation poursuit, d’ailleurs, la tendance générale observée au cours des années précédentes. Deux évolutions opposées ont en revanche été observées en 2020: d’une part, le coût des accidents a baissé en raison des restrictions temporaires imposées dans de vastes domaines de la vie publique et des activités économiques. Par ailleurs, bon nombre d’opérations chirurgicales ont dû être reportées, ce qui s’est traduit par une baisse des contributions publiques aux hôpitaux. D’autre part, le nombre d’absences pour cause de maladie a augmenté, entraînant une hausse des dépenses pour les congés maladie payés. Les coûts du dépistage des maladies infectieuses ont également augmenté, les tests de COVID-19 ayant été mis gratuitement à la disposition de la population en 2020, dans la plupart des cas.
Une hausse historique
L’augmentation de 11,1% des prestations sociales observée en 2020 est la plus importante depuis 1990. La dernière forte hausse dans ce domaine remonte à 2009 (+7,1%): elle avait eu lieu dans le cadre de la grande récession mondiale. À titre de comparaison, le taux de croissance moyen des dépenses sociales était de 2,9% par an entre 2000 et 2019. En dehors des périodes de ralentissement économique, pendant lesquelles les coûts liés au chômage augmentent, la hausse des prestations sociales concerne surtout les deux principaux domaines de la protection sociale: la vieillesse ainsi que la maladie et les soins de santé.
En 2020, 39,6% des prestations sociales ont été versées dans le domaine de la vieillesse. Les régimes de l’assurance-vieillesse et survivants (AVS; 42,1 milliards de francs) et la prévoyance professionnelle (35,0 milliards de francs) octroient la plus grande partie des prestations de vieillesse (81,4 milliards de francs), notamment sous forme de rentes. L’AVS et la prévoyance professionnelle couvrent également la majorité des prestations versées à des survivants en Suisse, soit 8,3 milliards de francs sur les 9,0 milliards consacrés à ce domaine.
Viennent ensuite les dépenses relatives aux prestations dans le domaine de la maladie et des soins de santé (29,5%), versées principalement par les assureurs-maladie à hauteur de 30,1 milliards de francs. La part des prestations dans le domaine du chômage a augmenté, de 3,1% en 2019 à 9,7% en 2020, et se place désormais en troisième position, juste avant celle des prestations du domaine de l’invalidité (8,0%): les régimes les plus importants de ces deux domaines sont l’assurance-chômage et l’assurance invalidité, qui pèsent respectivement 17,6 et 8,6 milliards de francs.
Hausse des dépenses sociales dans toute l’Europe
En 2020, les dépenses sociales se sont fortement accrues dans la plupart des pays d’Europe. Leur hausse a été un peu moins marquée qu’en Suisse (+11,1%) dans les pays voisins que sont l’Autriche (+9,1%), l’Italie (+8,9%), l’Allemagne (+5,7%) et la France (+4,2%). En Europe, la hausse a été particulièrement forte sur l’île de Malte (+26,7%), en Irlande (+20,1%) et à Chypre (+19,3%). Dans certains pays, les prestations sociales n’ont que peu augmenté malgré la pandémie de COVID-19. C’était le cas en Suède (+1,4%) et au Danemark (+2,8%).
Les pays européens n’ont pas tous été touchés de la même manière par la pandémie. Ils n’ont pas non plus tous pris les mêmes mesures pour endiguer la propagation du virus et atténuer les pertes de revenu professionnel des ménages. Les prestations sociales ont cependant augmenté dans la plupart des pays européens comme en Suisse, avant tout en raison des coûts du chômage. La plupart des pays ont également dépensé davantage dans les domaines de l’exclusion sociale et de la maladie et des soins de santé, contrairement à la tendance des années précédentes.
Niveau record des dépenses en pourcentage du PIB
La part des prestations sociales, mesurée en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), a atteint des niveaux record dans 16 des 22 pays observés. À noter que le PIB a évolué différemment dans les pays voisins de la Suisse: il a baissé avant tout en Italie (PIB: -8,9%) et en France (-7,9%), alors que la récession a été moins marquée en Allemagne (-4,6%) et en Suisse (-2,4%). La variation des dépenses de prestations sociales en pourcentage du PIB par rapport à l'année précédente s'est ainsi élevée à +3,5 points de pourcentage en Suisse, soit un peu plus qu'en Allemagne (+3,0), mais moins qu'en France (+4,1) et en Italie (+5,1). En 2020, les prestations sociales représentaient 29,1% du PIB en Suisse. Leur part était plus élevée dans les pays voisins comme la France (35,3%), l’Italie (33,4%) et l’Allemagne (31,9%).
Dans les phases de récession comme en 2020, l’activité économique baisse par définition et les dépenses pour les prestations sociales augmentent, notamment celles pour le chômage. Dans les phases de croissance, le PIB se redresse et les dépenses en prestations sociales diminuent. La hausse des prestations sociales en phase de récession a son importance d’un point de vue économique, car elle permet de freiner la diminution des revenus des ménages, de soutenir la consommation et de limiter ainsi l’impact de la récession. Dans ce contexte, les dépenses sociales jouent un rôle stabilisateur pour l’économie.
Les Comptes globaux de la protection sociale (CGPS) se basent sur le Système européen de statistiques intégrées de la protection sociale (SESPROS) de l’Office statistique de l’Union européenne (Eurostat). Les résultats des CGPS peuvent différer de ceux d’autres statistiques connexes. Depuis 2021, Eurostat publie les principaux indicateurs des dépenses de protection sociale en Europe dès l’année suivante dans le cadre d’estimations précoces (early estimates). Les chiffres exacts pour l’année 2020, plus détaillés, seront disponibles à l’automne 2022 pour l’ensemble des pays européens.
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