Perspective macroéconomique

L'analyse du revenu de l'ensemble des ménages de Suisse passe par un recours aux données des comptes nationaux (CN). Celles-ci traduisent dans une perspective macroéconomique le montant, la composition et l'évolution des revenus de l'ensemble des ménages. Les données des CN ne fournissent pas d'indication sur la manière dont ce revenu se répartit entre les ménages. Pour cela, il faudrait adopter une approche microéconomique, et s'appuyer par exemple sur l'enquête sur le budget des ménages (EBM) ou l'enquête sur les revenus et les conditions de vie (SILC). Les données de ces deux enquêtes ne sont pas directement comparables avec les données présentées ici, en raison des différences de définition existant entre les deux approches.

Revenu total

Le revenu total a augmenté de 82,0% de 1995 à 2022. Corrigé de l'évolution démographique et de l'inflation, le revenu par habitant n'a toutefois progressé que de 27,2% pendant cette période.

Composantes du revenu

Les parts des principales composantes dans le revenu total ont évolué de manière différente de 1995 à 2022. Le revenu du travail reste la principale composante du revenu total, dont elle représente environ deux tiers. Cette part est restée assez stable pendant la période sous revue. La part des revenus de la propriété a tendanciellement diminué, alors que la part représentée par les revenus de transferts a passé de 19,8% en 1995 à 23,6% en 2022.

Revenus de la propriété

Les parts relatives des sous-composantes des revenus de la propriété ont fortement varié de 1995 à 2022. Alors que celle des intérêts a diminué de trois quarts, la part des revenus distribués des sociétés a plus que doublé. Seuls les autres revenus d'investissements présentent une certaine stabilité, avec une part oscillant entre 43% et 54%, pour atteindre 44,3% en 2022, soit le même niveau qu'en 2015.

Revenus de transferts

L’introduction en 1996 de l’obligation d’être assuré auprès d’une assurance-maladie a entraîné une modification dans l’affectation des prestations d’assurance-maladie et c’est pour cela qu’on renonce à illustrer l’année 1995 dans ce graphique. Parmi les sous-composantes des revenus de transferts, on constate une augmentation générale de la part des autres prestations d’assurances sociales entre 1996 et 2022. Parallèlement, les prestations de sécurité sociale en espèces et les indemnités d’assurance-dommages perdent du terrain.

Explications méthodologiques

Le revenu total des ménages correspond au revenu imputé dans les comptes nationaux au compte d'affectation des revenus primaires (selon l’approche des ressources, II.1.2) et au compte de distribution secondaire du revenu (selon l’approche des dépenses, II.2). Il comprend les revenus du travail, les revenus de la propriété et les revenus de transferts.

Le revenu du travail comprend le salaire brut payé au salarié (salaire de base, primes, gratifications, bonus, etc.) et les cotisations sociales versées par l'employeur et le salarié, avant déduction des impôts sur le revenu (rémunération des salariés, D.1) ainsi que les revenus des indépendants et les revenus locatifs des ménages (excédent net d'exploitation, B.2n).

Le revenu de la propriété comprend les intérêts (D.41), y compris les services d'intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM), les revenus distribués des sociétés (D.42) et les autres revenus d'investissements (D.44).

Le revenu de transferts comprend les prestations de sécurité sociale en espèces (D.621, p. ex. AVS, AI, APG, AC), les autres prestations d'assurance sociale (D.622, p. ex. AA, AOS, PP), les prestations d'assistance sociale en espèces (D.623), les indemnités d'assurance-dommages (D.72) et les transferts courants divers (D.75).

Les numéros entre parenthèses correspondent aux codes utilisés dans les CN.

Les explications ci-dessus s'inspirent d'analyses parues en 2007 dans la publication «Situation financière des ménages, composition et distribution des revenus» (voir ci-dessous); à noter toutefois que les données ne sont pas directement comparables.